lundi 18 juillet 2011

Case Départ

Blocage, réticence totale depuis quelques mois. Voir ou ne pas voir ce film, telle est la question. L'histoire ne te dérange pas, mais tu n'as jamais été fan de l'humour d'Eboué/Ngijol.



"Demi-frères, Joël et Régis n’ont en commun que leur père qu’ils connaissent à peine.
Joël est au chômage et pas vraiment dégourdi. La France, « pays raciste » selon lui, est la cause de tous ses échecs et être noir est l’excuse permanente qu’il a trouvée pour ne pas chercher du travail ou encore payer son ticket de bus.
Régis est de son côté totalement intégré. Tant et si bien, qu’il renie totalement sa moitié noire et ne supporte pas qu’on fasse référence à ses origines. Délinquance et immigration vont de pair si l’on en croit ses paroles.
Réclamés au chevet de leur père mourant aux Antilles, ils reçoivent pour tout héritage l’acte d’affranchissement qui a rendu la liberté à leurs ancêtres esclaves, document qui se transmet de génération en génération.
Faisant peu de cas de la richesse symbolique de ce document, ils le déchirent.
Décidée à les punir pour le geste qu’ils viennent de faire, une mystérieuse vieille tante qui les observait depuis leur arrivée aux Antilles décide de leur faire remonter le temps, en pleine période esclavagiste ! Parachutés en 1780, ils seront vendus au marché comme esclaves. Les deux frères vont alors devoir s’unir, non seulement pour s’évader de la plantation mais aussi pour trouver le moyen de rentrer chez eux, au XXIe siècle."

Pour faire court, tu aimes les décors, les costumes et le maquillage. Tout est assez bien géré, le film semble sympathique.
Beaucoup de clichés: sur les juifs, les asiatiques, les blancs, les noirs... ça ne s'arrête pas et ça fait rire une partie de la salle: "...avec ta grosse bite", phrase répétée au moins 10 fois par le personnage joué par David Salles.
C'est assez audacieux de sortir un tel film. Que veulent-ils communiquer en proposant une telle production? Tu ne sais pas sur quel pied danser. D'ailleurs tu refuses de danser.

Tout commence avec un noir qui sort de prison (Ngijol), violent, vulgaire, sans travail... Image négative de la banlieue, on a compris. Il se met dans la position de la victime pour justifier ses torts: "C'est parce que je suis noir, c'est ça?"... chose qu'on entend assez souvent, qui est ridicule et qui fait honte.
Point positif, un personnage africain dit justement que c'est stupide de penser ça. Très bien, éduquons un petit peu les crétins de la société.

De l'autre côté, nous avons un métis très/trop bien intégré (Eboué), qui travaille, qui a une vraie vie de famille mais qui oublie qu'il est antillais. Tu te dis: voilà un personnage intéressant, qui a bien évolué malgré son déni.
Bref, la fameuse tante qui les envoie dans le passé... une sorcière? Belle image pour la culture antillaise.

Les images sont belles, parfois dures. Tu n'as pas connu l'esclavage, tu ne sais pas comment c'était, seules les images peuvent te donner une idée. Même dans une oeuvre comique, ça touche.
Cela dit, tu trouves que c'est maladroit de réaliser un tel film en 2011, utiliser le passé pour communiquer une rancoeur ou peut-être pour manipuler les esprits? Le message serait: "Regardez, c'était comme ça au XVIIIe siècle, voilà ce qu'on a subi." Comment lire ce film?!
Sachant qu'une vidéo sur l'exclusion d'un collectif contre le racisme, pendant la commémoration de l'abolition de l'esclavage le 10 mai, a créé une polémique.

C'est bien écrit, ce n'est pas très drôle, parfois un peu trop critique sur les français.
Tu te demandes si ce film aurait pu se faire sans Eboué/Ngijol, mais qu'avec Lionel Steketee. Les blagues racistes et le ton comique auraient le même impact?

Tu attends le prochain film comique réalisé par un jeune juif, sur La Shoah.

Tu ne dis pas que seul Spielberg a le droit de produire des films sur l'histoire: (La Liste de Schindler ou Amistad) mais au moins le ton est assez clair et non ambigu.

Du créole, de belles images, un bon fond... car tu n'oublies pas qu'au final ce film dit: Respecte tes ancêtres, n'oublie pas ce qu'ils ont vécu, ne crache pas sur l'histoire, ne crache pas sur ta famille et tes origines/racines. (Thème du générique de fin: Ils se sont battus pour la liberté)

Petite question, le petit Victor qui est contre l'esclavage... un clin d'oeil à Victor Schoelcher?

Ce film n'est pas mauvais, il est audacieux et peut être dangereux pour un public qui utilise le passé pour justifier des actes débiles, non légitimes dans notre société actuelle.

A voir, avec une lecture légère!

2 commentaires:

Davis Steward a dit…

Salut Narcolibri.
Je n'ai pas trouvé d'autres moyen de te contacter.
Ton avis à l'oral sur Case départ m'intéresse.
1-Que reprochez-vous à ce film exactement ou alors
pourquoi ne comprenez-vous pas les reproches faits à Case départ ?
2-Pourquoi cette comédie vous dérange (ou ne vous dérange pas ) ?
3-Pourquoi, selon vous, ce film est (ou n'est pas ) une injure à l'esclavage des noirs ?
4-Pourquoi trouvez-vous les appels au boycott appropriés (ou inappropriés) ?

Ca t'intéresse de faire entendre ta voix ?
Jt'invite sur mon blog Micro Bokay.

http://microbokay.blogspot.com/2011/08/micro-trottoir-sa-ou-di-case-depart-et.html

chocomilka a dit…

Nice nice,
je ne l'ai pas vu mais l'analyse est intéressante mister Marty :)